Biography
ZEDRUS, DANS LA DIFFERENCE GENERALE
( Distribution: Disques Office/ L'Autre Distribution)
Sortie suisse: 7 septembre 2011
Vernissage de l'album à L'U.ZN, Usine (Genève)
Il a toujours le sens de la formule, Zedrus. Pour son deuxième album studio, le Genevois à la langue bien pendue a choisi Dans la différence générale en guise de slogan de campagne. Une carte de visite qui dépareille ainsi peu avec son précédent effort baptisé Mes amis sont des ports...(2006). Et une manière sans doute d'essayer d'attirer davantage l'attention au seuil de ce nouveau répertoire aussi corrosif que jubilatoire et touchant.
Zedrus y prend à nouveau pour cible la connerie de l'espèce humaine, qu'il dynamite, disperse et ventile façon puzzle pour plagier les Tontons flingueurs. S'il aime les dialogues drôles et grinçants de Michel Audiard, et son goût pour la truculence, Zedrus se situerait plutôt sous le saint patronat de « Victor Hugo, Georges Brassens, Raymond Devos- Pierre Desproges et Rocco Sifredi!». Un panthéon artistique où il n'est pas nécessaire de chercher l'erreur et qui sied bien à celui qui, après avoir clamé haut et fort voilà cinq ans être « le vieux con de la chanson » et «un salopard de salubrité publique qui jette dans la mare des pavés et des briques», réactive enfin son franc-parler chanté.
Dans la différence générale ne manque ainsi jamais d'à propos. Textuellement comme musicalement d'ailleurs. Zedrus a mis ses couplets-refrains de la discorde au diapason de partitions aux accents pop-rock pernicieux qui poursuivent le virage entrevu au fil de Mes amis sont des ports... qui lui avait valu un Coup de coeur francophone de L’Académie Charles Cros en 2007.
Si bien que la transition avec Dans la différence générale est toute trouvée grâce aux faux-semblants et promesses insatisfaites évoqués au coeur de « Cochon », chanson liminaire du disque dont le refrain assène: « Pour affronter la société, mieux vaut être con...con sans sommation ». Et voilà que refait surface le célèbre «les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît » d'Audiard. Au reste, on distingue encore quantité de pertinentes saillies qui font le sel de Dans la différence générale. A l'image de « Petit mortel, fais de ton mieux/Mais n'oublie pas, quoi qu'il arrive/Que les salauds sont moins nombreux/Que ceux qui les suivent » (« Petit mortel ») ou «On n'est pas forcé pour mourir d'avoir vécu avant/On peut même pourrir de son vivant » (« Pourrir de son vivant »). Zedrus excelle donc encore à tailler des costards très cintrés et à pointer les lâchetés du genre humain.
Paradoxalement, sous sa plume au vitriol, c'est aussi une immense tendresse qui jaillit. Qui aime bien châtie bien, dira-t-on. Certes. Mais dans le cas de Zedrus, les choses sont moins évidentes. Comme chez Brassens, le sexe faible n'a pas forcément le beau rôle. Et pourtant, c'est la gent féminine qui trouve le plus souvent grâce aux yeux de Zedrus sous des airs trompeurs: « Il manque toujours », « La Magicienne », « La vie c'est du vent », « Elles n'existent pas ». Du reste, le répertoire fait davantage état d'amour que des bagatelles passées. «C'est vrai que je découvre le sel de la tendresse, dans mes chansons comme en dehors », concède un Zedrus dont l'écriture se pare même fréquemment d'happy end. Il n'a pas encore repeint le monde en rose mais, Dans la différence générale, l'empêcheur de tourner en rond aux facétieux et savoureux jeux de mots se soigne. Et ce n'est pas « Sans l'amour d'un père » qui prouvera le contraire. Quoique...
Avant son décès estimé au XXIème siècle, Zedrus poursuivra sa route sur les scènes francophones, ou il prend plaisir à ne pas éviter les accueils d'un public toujours plus nombreux et devant lequel il aime s'exiler.