Biografia
Le soleil brille pour tout le monde mais certains savent mieux profiter de ses rayons. De jeunes pousses tournées vers l’astre universel du rock’n roll, The Animen sont devenus en bientôt dix années d’activisme électrique de solides piliers de la scène rock européenne, quatre musiciens accomplis, bêtes de scène au fil de centaines de concerts, esthètes de studio qui publient leur troisième disque légitimement titré “Same Sun / Different Light”. Ou comment faire de l’insolation un délice.
Après avoir chassé jusqu’à Nashville leur fantasme vintage lors de leur album précédent (“Are We There Yet?”, 2015), The Animen s’arriment dans le présent, d’un coup de semelle ferme et résolu. En s’associant à Samy Osta pour leur troisième aventure studio, les gars de Genève ont addition- né à leur talent la vista d’un producteur plein de sève et d’audace (Feu! Chaterton, La Femme, Juniore). Analogique ou numérique? Tradition ou modernité? Plus question de choisir. “On a pris le meilleur des deux mondes”, résument-ils. Durant deux semaines, le groupe s’est remis en forme et en question dans son antre parisienne. But du jeu: secouer les codes, casser quelques “règles à la con”, garder une foi intacte envers les héros éternel mais oser se réinventer au présent. Same sun, different light...
“On a aimé prendre les choses à l’envers. Nous devions aller contre nos réflexes, inventer un nouveau vocabulaire.” Allusion à un premier round de composition en 2017, après 18 mois de tournée, jugé insatisfaisant car trop proche de leur zone de confort. The Animen sont trop jeunes pour se répéter. Le second jet sera le bon, animée par un travail collectif inédit. “Le plus grand défi était que les chansons plaisent autant à chaque musicien. Avant, on avait comme loi qu’une chanson devait pouvoir être interprétée seule à la guitare sèche avant d’être jouée en groupe.” L’une des quelques “règles à la con” que The Animen ont rangé au placard, s’amusant plus que jamais dans leur nouveau répertoire, élargissant sans complexe le spectre de leur musique, lâchant la bride à toutes leurs idées et leurs envies. “Mais on reste assez rock’n’roll niveau enregistrement.”
Les floraisons qui ornent les 11 titres - ces élégantes frises de guitares, cette basse élastique, ces solides reliefs rythmiques que parcourt une voix chaude et vibrante - n’en sont que plus admirables. De l’enthousiasme mordant de “The Absence” aux ruades acides de “Greetings From El Matador”, d’un “Mourning Sun” en glorieuse nonchalance lo-fi à la déglingue de cabaret ivre sur “Woe Is Me” et aux choeurs stoniens de “Two-Armed River”, le disque est un kaléidoscope de lumières vives, enveloppantes et colorées.
Pour les capturer, The Animen ont osé fixer le soleil. Sans ciller. Galvanisés, régénérés, ils s’en vont à nouveau transmettre la flamme. Elle sera bientôt chez vous.